Apprenant que les gendarmes recherchaient un vagabond,
Une brave dame m'a caché sous son jupon,
Quelquefois, je l'admets, j'ai couché sous un pont,
Mais je n'avais encore jamais logé sous un jupon.
Comme sous ce jupon, il faisait doux, il faisait bon,
Comme sous ce jupon, il faisait noir comme du charbon.
Comme il faisait nuit, je me suis endormi,
Je me suis endormi comme si j'étais dans un bon lit.
Ma nuit s'est conclue par un réveil au clair de lune,
En ne sachant plus dans quel pays, dans quel commune.
J'ai couché je l'admets, parfois au clair de lune,
Mais je ne l'avais encore jamais vue de ce volume.
Je suis dans le néant, je ne reconnais pas la chambre,
Ce parfum d'océan mêlé à une pointe d'ambre.
J'ai dormi, je l'admets, parfois dans un fossé,
J'ai dormi, je l'admets, quelquefois sans me déchausser.
Ai-je fait relâche chez les bédouins, en Arabie ?
Ai-je fait relâche chez les Apaches, sous un tipi ?
Parfois j'ai campé, j'ai dormi sur des canapés,
J'ai dormi, je l'admets, quelquefois sans me désaper.
Après tout je me plais dans ce campement de fortune,
J'vais poser un collet, j'ai vu un lapin dans les dunes,
Mes autres résidences ne valaient pas un radis,
Et de toute évidence ici je suis au paradis.
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